La recherche autour des maladies infectieuses

La recherche autour des maladies infectieuses

Causées par des micro-organismes pathogènes comme les bactéries, les virus, les parasites ou les champignons, les maladies infectieuses peuvent se transmettre directement ou indirectement d’une personne à l’autre. 

Si certaines de ces maladies, comme le rhume ou l’angine, sont bénignes, d’autres, comme le paludisme, la tuberculose, le sida ou les hépatites sont beaucoup plus graves, et il n’existe pas toujours de traitements définitifs. 

Les médecins du service national de maladies infectieuses du CHL ont une longue tradition de recherche, et ils ont développé des liens de collaboration très forts avec l’unité de maladies infectieuses du LIH (Infectious Diseases Unit). Ils sont depuis de nombreuses années impliqués dans projets de longue haleine, notamment sur les virus du sida ou de l’hépatite C.


Recherche et suivi des patients atteints du virus du sida

  • Un ambitieux projet européen de recherche sur le sida: Projet EuroSIDA  

Financé par la Commission européenne dans le cadre du programme de recherche FP7, le projet EuroSIDA a pour vocation de suivre le pronostic clinique à long terme des patients porteurs du virus du sida en Europe et de vérifier l’impact des traitements antiviraux sur leur état de santé. Le projet a démarré en 1994 et il s’est étoffé au cours des années prenant en compte les évolutions des traitements anti-VIH et les avancées de la médecine pour le suivi des patients infectés. A ce jour, il inclut plus de 22 000 patients, porteurs du virus du sida et suivis dans plus de 100 hôpitaux de 35 pays européens, dont le CHL. Entre 200 et 300 patients du CHL ont en effet été inclus au fil des années dans les différentes cohortes recrutées par le projet. L’analyse des données recueillies a permis de nombreuses publications, étudiant différents aspects des évolutions du virus et des réponses aux traitements antiviraux. 

Les chercheurs se sont ainsi intéressés aux potentielles conséquences du gain de poids consécutif à la prise de traitement antiviraux, en vérifiant notamment les risques cardiovasculaires et de diabètes. En étudiant ainsi les incidents cardiovasculaires et le diabète de patients « neutres » avant la prise de traitement antiviraux, et en les corrélant avec leur évolution pondérale, ils ont identifié une augmentation des risques cardio-vasculaires chez les patients considérés au départ comme de poids « normal ». Le risque de développer un diabète augmente aussi avec la prise de poids, indépendamment toutefois du poids d’origine des patients6.  

L’analyse des données concernant la prise en charge des patients VIH dans les différents pays européens, et notamment la comparaison entre les pays est-européens et les autres, a aussi permis d’identifier de grandes différences : la prescription de traitements antirétroviraux pour des patients asymptomatiques est faite plus tard dans les pays d’Europe de l’Est. Rares sont aussi les centres de traitements est-européens à effectuer des tests de résistance avant de prescrire des traitements antirétroviraux ou si les traitements antirétroviraux ont échoué. Enfin, les différences sont notables entre les pays d’Europe de l’Est et les autres concernant la vaccination contre l’hépatite B, l’accès direct aux antiviraux, l’intégration de traitements VIH/tuberculose, et l’examen de santé général des porteurs de virus pour identifier d’autres problèmes.


L’hépatite C au Luxembourg : études épidémiologiques sur des populations cibles

  • Une étude épidémiologique au Luxembourg sur les usagers de drogue et le virus de l’hépatite C: Projet HCV-UD

Mis en œuvre en collaboration avec le LIH, mais aussi avec l’Abrigado et plusieurs autres centres d’accueil des drogués au Luxembourg, le projet HCV-UD s’adresse à une population particulièrement à risque d’infection par le virus de l’hépatite C : les usagers de drogue. 

L’étude, réalisée sur base d’un questionnaire et d’un suivi biologique, permet de connaître l’état de santé des participants, vérifiant ainsi s’ils sont affectés par le virus et pouvant proposer des traitements. Elle permet aussi de mieux identifier les facteurs de risque associés à la prise de drogues, d’évaluer l’efficacité des nouveaux traitements et d’améliorer les actions de prévention. A ce jour, 330 personnes ont accepté de participer à l’étude. Les données recueillies n’ont pas encore été analysées et le recrutement se poursuit. 

  • Une étude sur l’hépatite C en prison au Luxembourg: Projet HCV CPL

Cette étude a démarré en 2003. A l’origine, le projet avait pour but le recensement et le traitement des patients infectés par le virus de l’hépatite C emprisonnés au Centre Pénitentiaire de Luxembourg et leur possible ré-infection. Entre 2003 et 2013, 665 prisonniers ont été testés positifs, 204 ont été traités. 44 n’ont pas répondu au traitement, 43 ont été perdus de vue et 122 ont été guéris. Les médecins du CHL et les chercheurs du LIH ont toutefois observé qu’un pourcentage trop élevé de détenus guéris étaient à nouveau ré-infectés à leur sortie de prison. Le protocole de l’étude a alors été récemment modifié pour permettre une meilleure évaluation du taux d’infection par hépatite C en prison. Il inclut aussi dorénavant la mise en œuvre d’un réseau d’accueil des détenus dès leur sortie de prison, prévoyant un contact chez un médecin généraliste prescripteur de méthadone. 

Dr Vic Arendt, médecin infectiologue au CHL

Mon premier travail de recherche, c’était dans un laboratoire de virologie (étudiant les virus), à la fin de ma spécialisation à New York. En arrivant au CHL, j’ai pu poursuivre dans cette voie, en étant dès l’origine impliqué dans la création d’un laboratoire de virologie à l’hôpital. Ce labo prenait en charge le suivi des patients HIV, en étudiant l’évolution des charges virales. Nous faisions des cultures de virus, qui nous permettaient de mieux voir comment se développait le HIV, mais aussi de vérifier l’efficacité (toute relative) des monothérapies et des premiers médicaments. Le laboratoire a pris de l’ampleur, il s’est spécialisé dans la résistance aux antiviraux, puis a développé une branche sur la virologie et l’immunologie fondamentale… il a aussi été intégré à ce qui était à l’époque le CRP-Santé, aujourd’hui LIH.

Avec l’équipe du laboratoire, j’ai participé à plusieurs projets de recherche sur le sida, notamment en Afrique, avec le soutien du Ministère de la coopération luxembourgeoise. Nous avions par exemple un projet au Rwanda, pour étudier la transmission du virus entre la mère (séropositive) et l’enfant, pendant la grossesse puis l’allaitement. A cette époque, alors qu’on connaissait la possibilité d’infection par la mère à l’enfant au moment de l’allaitement ou de la grossesse, on ne donnait pas systématiquement de traitement tri-thérapique à la mère – la prescription du traitement dépendait du degré de déficience immunitaire de la personne. Notre étude nous a amené à prescrire à toutes les femmes enceintes et allaitantes séropositives, un traitement de tri-thérapies, et nous avons constaté une très forte réduction de la transmission du virus entre la mère et l’enfant. Les résultats de ce travail ont été largement reconnus par la communauté internationale médicale.

Aujourd’hui, je participe à deux études menées au Luxembourg sur l’hépatite C en collaboration avec le LIH. Dans notre pays, ce sont les usagers de drogue les plus affectés par ce virus. Nous voudrions en connaître la prévalence, les guérisons naturelles s’il y en a, connaître les différents types de génotypes, mieux évaluer le nombre de patients qui devraient recevoir un traitement antiviral. Nous voudrions aussi vérifier la corrélation entre les habitudes de consommation des drogues, la durée et les substances consommées et le risque d’infection à l’hépatite C.»

VIH / SIDA

  • Essai d’interruption du traitement chez des patients séropositifs avec un faible taux de virus dans le sang

L’infection au VIH peut être contrôlée avec des antirétroviraux qui diminuent la charge virale (nombre de particules dans le sang). Le virus n’est pas éliminé mais sa quantité est si faible qu’il ne peut plus être détecté. Le traitement doit continuer à vie. Il peut être toutefois associé à de nombreux effets indésirables et certains patients développent parfois une résistance au médicament. L'objectif de cette étude est d'évaluer la proportion de patients dont la charge virale reste faible même après 48 semaines (11 mois) d'interruption du traitement. Dans un premier temps, la charge virale sera mesurée chez des patients séropositifs sous traitement antirétroviral. Dans un second temps, les patients avec une charge virale très basse se verront proposer une interruption de traitement sous suivi rigoureux. 643 patients seront inclus en Belgique et au Luxembourg.

  • Nouvelle stratégie de traitement précoce du VIH

Après détection du VIH, le début du traitement est généralement envisagé en fonction du taux de CD4+ (cellules du sang qui aident à combattre les infections). Ce taux est élevé en début d’infection puis diminue avec le temps. Si ce taux descend en dessous de 350 cellules/mm3 ou si des symptômes de SIDA apparaissent, un traitement doit être débuté. Certains experts pensent cependant que le traitement devrait commencer plus tôt.

L’objectif de cette étude est de définir si le démarrage d’un traitement précoce (lorsque le taux de cellules CD4+ est élevé) permettrait au patient de rester en bonne santé plus longtemps. Les patients acceptant de participer seront répartis en deux groupes : les patients du premier groupe recevront un traitement contre le VIH immédiatement après le recrutement, les patients du second débuteront le traitement lorsque le taux de cellule CD4+ sera au-dessous de 350 cellules/mm3 ou si des symptômes du SIDA apparaissent. Les patients seront contrôlés par leur médecin tous les quatre mois. 4 000 personnes devraient participer dans le monde entier. L’étude dure environ 6 ans.


HEPATITE C

  • Toxicomanie, hépatite C et substitution : étude épidémiologique, comportementale et clinique au Luxembourg

L'hépatite C (HCV) est un virus qui s’attaque aux cellules du foie et entraine son inflammation. Le virus est transmis essentiellement par voie sanguine et les consommateurs de drogues injectables (par seringue) y sont souvent exposés.

L’objectif de cette étude est d’évaluer la proportion des usagers de drogue infectés par le virus de l’hépatite et de connaître leurs habitudes de consommation pour mieux comprendre les facteurs de risque de transmission du virus. Des échantillons de sang, des informations sur les habitudes de consommation et sur le développement de la maladie seront recueillies. 1000 patients devraient être recrutés au Luxembourg.

  • Prise en charge de l’Hépatite C en milieu carcéral

L'hépatite virale C (HCV) touche environ 1% de la population mondiale. Elle est cependant beaucoup plus fréquente dans la population carcérale (29-35%), notamment dû au taux élevé de consommateurs de drogue injectables. Ce virus peut entraîner à long terme des lésions au niveau du foie, dont la plus grave est la cirrhose, pouvant évoluer vers un cancer du foie.

L’objectif de cette étude est d'analyser les possibilités de prise en charge de patients ayant une sérologie hépatite virale C positive lors d'un séjour en milieu carcéral et d’évaluer le taux de réinfection et de super-infection (infection par d’autres souches VIH) lors de leur séjour en prison. Des échantillons de sang et des examens médicaux seront réalisés et des données sur les habitudes de consommation des drogues et sur les antécédents d’infection seront recueillies à l’entrée en prison, annuellement et à la sortie de prison. Environ 250 patients seront recrutés.


ROUGEOLE

  • Effets à long-terme de la vaccination et de l’infection naturelle par le virus de la rougeole.

La rougeole est une maladie hautement infectieuse causée par un virus qui peut avoir des effets indésirables graves et durables. La vaccination contre ce virus permet de développer des cellules immunitaires mémoires (cellule de défense de l’organisme) appelées lymphocytes B et T et des anticorps (des protéines capable de reconnaitre des substances étrangères au corps) qui persistent plusieurs années dans l’organisme pour protéger l’individu contre l’infection.

L’objectif  de ce projet est d’étudier les types de lymphocytes B obtenus avant et après la vaccination et de vérifier si l’identification spécifique du virus (son identité virale) change après une vaccination. 50 patients séronégatifs au virus de la rougeole et acceptant d'être vaccinés seront inclus au Luxembourg. Le suivi durera pendant 3 ans.

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