La lombalgie désigne les douleurs situées au bas du dos, au niveau des vertèbres lombaires. Fréquente, et la plupart du temps sans gravité, la lombalgie peut avoir plusieurs origines. Faisons le point sur les causes possibles de la lombalgie, les facteurs de risque, les traitements et la place de la prise en charge pluridisciplinaire, les conseils de prévention.
La lombalgie chronique est la continuité d’une lombalgie aiguë qui n’a pas été prise en charge. Les douleurs lombaires sont considérées comme « chroniques » lorsqu’elles perdurent depuis plus de 3 à 6 mois. Leurs répercussions dans la vie quotidienne de celles et ceux qui en souffrent peuvent être conséquentes. On sait que les douleurs chroniques vont considérablement impacter la vie professionnelle ainsi que la vie personnelle des patients.
Cela peut aller de simples difficultés à réaliser les tâches et activités professionnelles quotidiennes, aux différents conflits que ces difficultés vont engendrer avec les collègues ou la hiérarchie, ou encore, dans les cas les plus graves, à la désinsertion professionnelle associée et la remise en cause de l’avenir professionnel, la perte d’emploi et la perte des revenus.
Dans le contexte des douleurs chroniques, on retrouve également chez les patients des troubles émotionnels importants (stress, anxiété, dépression,…) qui peuvent être une conséquence des douleurs mais qui vont devenir une des causes de leur chronicisation, dans un véritable cercle vicieux.
On retrouve également fréquemment multitude de comportements et d’attitudes inappropriés qui vont progressivement plonger le patient dans une attitude passive et favoriser son isolement qu’il soit professionnel, social voire familial. Les patients atteints de douleur chronique sont en effet souvent sujets à la kinésiophobie, c’est-à-dire avoir tendance à éviter certaines activités par peur d’avoir mal, ou encore au catastrophisme, une attitude pessimiste qui consiste à penser qu’un mal de dos anodin risque d’entrainer un danger ou un handicap grave.
« Toutes ces attitudes vont induire un comportement passif des patients qui seront dans l’attente d’un traitement miracle. En tant que professionnel de la santé, notre rôle est de dépister et de prendre en charge ce type de comportements de façon précoce. », souligne le Dr Charles-Aymeric Rimlinger, médecin au Centre de traitement de la douleur du CHL.
Douleur chronique et prise en charge pluridisciplinaire
Lors de tout syndrome douloureux chronique, avec des douleurs qui vont persister au-delà de 3 à 6 mois, une prise en charge pluridisciplinaire est fortement indiquée. La persistance des douleurs va pouvoir être étudiée selon un modèle bio-psycho-social par le biais d’une évaluation approfondie des différents mécanismes douloureux par plusieurs professionnels.
Chaque patient est différent. Dans le cadre de la lombalgie chronique, la prise en charge proposée diffère énormément selon qu’il s’agisse d’une lombalgie commune chronique, d’un patient ayant bénéficié de plusieurs chirurgies rachidiennes, ou d’une lombalgie associée à une maladie rhumatologique. Les mécanismes douloureux mis en cause seront différents et les propositions de traitement vont donc différer. Les propositions thérapeutiques proposées vont également intégrer et prendre en compte le retentissement psychique, le retentissement physique ainsi que les éventuelles limitations voire le handicap, ainsi que les répercussions dans le cadre professionnelle mais également le retentissement familial.
Au Centre de traitement de la douleur du CHL, le patient bénéficie d’une évaluation pluridisciplinaire. Dr Rimlinger :« La douleur du patient est systématiquement évaluée lors d’un bilan initial par une infirmière spécialisée en douleur, un médecin algologue et une psychologue. Le recours à l’assistante sociale mais également à l’avis du médecin rééducateur est également fréquent en fonction de la problématique. Au décours de cette évaluation initiale, un projet de soins personnalisé est ensuite proposé au patient. »
La prise en charge pluridisciplinaire du patient douloureux chronique permet de dépister non seulement les facteurs d’amplification de la douleur (stress, manque d’activité physique…) mais aussi les différentes ressources du patient et ses attentes afin de pouvoir agir sur elles, et favoriser ainsi une bonne prise en charge de la douleur. La place de la médecine physique et de la réadaptation est fondamentale dans la prise en charge des patients qui souffrent d’une lombalgie. Dr Rimlinger : « Il est important de limiter au maximum la place du repos et d’encourager plutôt une reprise précoce des activités de la vie quotidienne et de la vie professionnelle. Notre rôle, en tant que professionnels de la santé, est aussi parfois de stimuler ou d’accompagner les patients afin de permettre cette reprise progressive. »
Dr José Azzolin (Médecine Physique au CHL) confirme : « les patients douloureux chroniques ont souvent un dés entraînement physique avec une fonte de masse musculaire et osseuse, un raidissement progressif et une diminution des capacités fonctionnelles. C’est pourquoi nous réalisons des bilans en rééducation dans le but de pouvoir ré entraîner le patient, le réassouplir et lui permettre de reprendre une activité professionnelle. »
Dr Rimlinger insiste : « On ne pourra jamais promettre au patient de stopper complètement sa douleur chronique. Par contre, selon son contexte clinique, on pourra lui certifier de la soulager en partie. Notre principal objectif est de faire en sorte que la douleur du patient soit supportable et que sa vie quotidienne soit le moins impactée par sa douleur. »
Vers des traitements de plus en plus innovants
Nous avons accès aujourd’hui à une meilleure compréhension des mécanismes douloureux, ce qui donne une bonne place à la médecine de la douleur. Et cette meilleure compréhension des mécanismes douloureux est fondamentale car elle permet de mieux dépister et de proposer une meilleure prise en charge thérapeutique, notamment aux patients douloureux chroniques.
La prise en charge de la douleur chronique repose sur l’association de moyens thérapeutiques, qu’ils soient médicamenteux ou non. En effet, le traitement miracle n’existe pas en douleur chronique.
Dr Rimlinger : « Lorsque les douleurs ont tendance à se chroniciser, les antidouleurs classiques ont finalement peu de place dans les propositions thérapeutiques. Les opiacés forts sont plutôt à déconseiller dans la plupart des syndromes douloureux chroniques. »
On utilise souvent en association des traitements médicamenteux dits « neuromodulateurs » qui vont modifier la transmission des signaux nerveux douloureux. Il s’agit de certains antiépileptiques ou antidépresseurs. Les traitements locaux (emplâtres de lidocaïne, patchs de capsaïcine) font également partie du panel thérapeutique. Ces traitements nécessitent toutefois une expertise médicale et ne peuvent agir efficacement sur tous les types de douleur.
La neurostimulation électrique transcutanée (TENS) est également une alternative intéressante dans la prise en charge des patients douloureux chroniques comme alternative non médicamenteuse. Cette méthode nécessite toutefois, pour qu’elle soit efficace, d’accompagner le patient et de l’éduquer à son utilisation de façon à ce qu’il puisse ensuite l’utiliser de façon efficace dans son quotidien.
Les méthodes non médicamenteuses ont également une place de choix dans l’arsenal thérapeutique de la prise en charge de la douleur chronique. Elles sont diverses et variées. On peut citer par exemple la relaxation, la sophrologie, le yoga, l’activité physique adaptée ou encore l’hypnose. Ces méthodes sont efficaces pour atténuer la douleur chronique car elles vont généralement permettre au patient de mieux contrôler et moduler par lui-même ses douleurs.